le charme du jardin vertical







Les concepts de mur vivant, mur végétalisé et mur végétal décrivent des jardins ou écosystèmes verticaux, plus ou moins artificiels, conçus tantôt comme éléments esthétiques de décor, dans le cadre de ce que l'on appelle le jardinage urbain, tantôt comme œuvres d'art utilisant le végétal, ou encore comme éléments d’écologie urbaine.




Histoire
La colonisation naturelle de murs par des plantes est habituellement considérée comme un problème, les racines endommageant les mortiers naturels de terre, décollant les briques, favorisant l'humidité du mur, sa sensibilité au gel. En zone tropicale, les arbres peuvent coloniser et recouvrir des architectures telle que celle du temple d' Angkor en quelques siècles.
Des structures architectoniques artificielles, ciment ou appareils de pierres maçonnées couvertes de mousses et de quelques plantes existent néanmoins depuis plus de 200 ans, dans quelques grands parcs royaux ou municipaux, toujours associés à des fontaines ou cascades. Les "fabriques" romantiques (faux bâtiments anciens, fausses ruines) les ont aussi utilisés au XIXe siècle. Ils ont ensuite été développés par certains zoos et pour le décor de terrariums ou d’aquaterrariums publics ou privés, utilisant généralement des espèces tropicales, avant que le botaniste et chercheur français Patrick BLANC ne crée, teste et développe son concept horicole de mur végétal sur support de feutre.

Principe
Des murs ou parois végétalisées peuvent être aménagés tant à l'extérieur qu'à l'intérieur de bâtiments, avec ou sans source artificielle de lumière.
Le principe s'appuie sur le fait qu'en l'absence d'intervention humaine, en présence d'air propre et d'une humidité suffisante de l'air, tout support tend à être naturellement colonisé par des bactéries, des algues, puis des mousses et des lichens, avant l'apparition de petites plantes, qui sont généralement aussi des épiphytes des arbres. Dans le cas où le mur reste sec, ou en atmosphère plus sèche, il peut également être colonisé par des plantes grimpantes (lierre, vigne vierge en climat tempéré).
Plusieurs approches techniques existent, allant de l'insertion de plantes adaptées aux milieux secs et pauvres (crassulantes, cactées..) pour créer des structure de type « jardins de rocailles », à des techniques sophistiquées dites de "génie végétal" optimisant les conditions de colonisation et de pousse des plantes grâce à des supports de feutre synthétique dans lequel circule de l'eau enrichie en sels nutritifs.
Un grand nombre de plantes tropicales épiphytes ou poussant à l'ombre de la canopée se contentent de peu de lumière et de peu de nutriments.

Types d'aménagement de façades
Il peut se faire soit à partir du sol directement, les racines de plantes grimpantes y puisant leur nourriture et l'eau, soit en intégrant la flore au bâtiment, via des balconnières, des jardinières, ou des systèmes plus complexe de murs végétaux tels que ceux de Patrick BLANC.
Par exemple : Sur le mur porteur est placé une ossature métallique qui soutient une plaque de PVC expansé de 10 mm d'épaisseur, sur laquelle sont agrafées deux couches de feutre de polyamide de 3 mm d'épaisseur chacune. Ces couches de feutre miment en quelque sorte les mousses qui se développent sur les parois rocheuses et qui servent de support aux racines des plantes. Un réseau de tuyaux commandés par des électrovannes apporte une solution nutritive contenant les éléments minéraux nécessaires à la croissance des plantes. Le feutre s'imprègne de cette solution nutritive, qui redescend le long du mur par gravité. Les racines des plantes n'ont qu'à se servir, et l'eau en excès est recueillie en bas du mur par une gouttière, avant d'être réinjectée dans le réseau de tuyaux : le système fonctionne en circuit fermé.
C'est une variation inhabituelle d'une machine vivante : l'eau s'écoule sur une surface sur laquelle se développent de la mousse ou d'autres plantes, quelques insectes et des bactéries, et est captée en bas du mur dans une gouttière, d'où elle est réinjectée en haut du mur.

Les avantages
En plus de l'aspect esthétique, le mur végétalisé présente plusieurs avantages :
• Il permet une meilleure régulation thermique du bâtiment. En été, l'ensoleillement est réduit.
• L’ évapotranspiration du lierre ou d'autres grimpantes contribue au rafraîchissement de l'air et à une régulation de l'hygrométrie. En hiver, ce couvert végétal seul ne peut jouer un véritable rôle d'isolant, mais en asséchant les fondations et en protégeant les murs de la pluie (grâce à l'orientation des feuilles et à leur densité dans le cas du lierre), il les rend plus isolants.
• Il protège le bâtiment contre l'effet corrosif des pollutions urbaines (pluie acide, pollution atmosphérique et contre l’humidité (acide, en ville), en offrant une surface imperméable à la pluie. En effet, la disposition "en tuiles" des feuilles de certaines grimpantes, telles que le lierre, permet de protéger presque totalement le mur de la pluie.
• Les racines participent à l'assèchement du sol à proximité des fondations.
• La végétalisation des façades offre une surface végétale supplémentaire et significative pour l'épuration de l'air et la production d'oxygène.
• Le feuillage seul est réputé inefficace dans une fonction anti-bruit (une épaisseur de 10 m de feuillage d'arbres ne réduit un son puissant que d'à peine 1 dba), cependant le bruit du vent dans les feuilles et celui des oiseaux (comme celui des fontaines) ont des vertus psychologiquement apaisantes, et sans vraiment cacher le bruit ambiant, ils le rendent plus supportable.
Variantes intérieures

Une variante à la façade végétalisée est le mur intérieur végétalisé.
La seule contrainte supplémentaire concerne la lumière qui doit être amenée en quantité et qualité suffisantes, et si possible orientée du haut vers le bas pour assurer une bonne croissance aux végétaux. Le mur végétalisé d'intérieur peut être construit dans une véranda ou sous une verrière, en prenant garde aux éventuelles surchauffes et aux problèmes éventuels liés à l'eau et à la condensation.
Une première manière de végétaliser le mur est de mettre sur la surface un substrat apte à être colonisé par les végétaux choisis. Ce substrat sera comparable à celui des toitures végétalisées, ou de type feutre synthétique associé à un système de pompe (éventuellement solaire) maintenant un écoulement d'eau le long du substrat qui sera progressivement colonisé par les végétaux qu'on y aura plantés.